la Spirale de l’avent
Ici dans l’hémisphère Nord, nous entrons dans les moments les plus obscurs de l’année. Le soleil se couche après le goûter, et déjà dans l’après-midi les ombres s’allongent et se penchent.
A côté de cela, dans les foyers et les rues, le temps des préparatifs de Noël bat son plein avec plans de menus, décorations, achats, rangements, nettoyages… Quand nous regardons la nature, nous observons l’exact opposé à cette hâte, ce tourbillon d’avant fêtes. La Terre, elle, s’est intériorisée. Arbres et plantes développent leurs racines cachées sous la terre, et les animaux font leurs réserves pour les mois froids qui vont suivre ou d’autres vont commencer leur hibernation.
En réalité, ce n’est pas un hasard si tant de fêtes et de célébrations sont planifiées dans ces temps obscurs. Les célébrations de récolte, de lumière, de partage, nous rappellent les dons offerts par le soleil d’été, et par la chaleur humaine pour nous accompagnent dans cette traversée, et nous amener à l’introspection, vers notre intérieur toujours lumineux quoiqu’il advienne en périphérie.
Dans les écoles Waldorf, nous aussi nous vivons l’effervescence des préparatifs avant Noël, des petites créations avant le marché, des textes appris, des chansons, des décorations… et la spirale de l’Avent nous permet de nous connecter au calme intérieur et serein qui est en nous malgré l’effervescence. Chaque année, nous offrons aux enfants la chance de vivre cette beauté calme dans l’excitation grandissante alors qu’approche Noël, comme un petit écrin de paix que nous nous offrons tel un cadeau, comme si nous nous mettions au diapason de la nature.
Le fameux jour dit, les enfants entrent dans une pièce sombre. Au sol, une spirale de branches de pin, symbole d’éternité. La spirale est une forme que l’on retrouve dans la nature, dans les coquillages, les fleurs, les pommes de pin, nos empreintes au bout des doigts, dans les galaxies… c’est une forme dynamique de croissance, comme un point qui pourrait se déployer dans l’infiniment petit ou l’infiniment grand selon la direction empruntée.
En son centre, une grosse bougie centrale luit, sa lueur se reflète dans les yeux des enfants. Nous entonnons des chants, l’ambiance est chaleureuse, l’on se sent bien. Puis nous commençons, chacun chacune va allumer sa petite bougie de cire depuis l’extérieur de la spirale et y entrer jusqu’à son coeur toujours plus profondément pour y allumer sa flamme à la grande bougie, le feu central, originel. Sur le chemin de retour, l’enfant va déposer sa petite bougie quelque part sur le chemin pour former in fine un magnifique chemin lumineux, pavé de toutes les lumières individuelles posées ça et là selon la volonté de chacun. C’est un petit voyage à l’intérieur de soi que l’on se propose de vivre là, un voyage vers notre beauté, notre grandeur, notre force, et ce sont ces cadeaux-là que nous offrons à voir au monde sur le chemin du retour vers l’extérieur de la spirale.
Bien sûr, rien de tout cela n’est expliqué aux enfants. La riche expérience, elle, suffit. Tout le monde sent bien que quelque chose de spécial est en train de se dérouler. Et à la hauteur de ce moment grâcieux, chacun sent qu’il doit offrir son calme respectueux, sa présence dorée.